Le combo VIP Grooveshark et Last.fm

Les offres de musique en streaming lorsque bien utilisées, deviennent indéniablement la meilleure voie d’accès à tout le son dont on peut rêver. Au diable le téléchargement illégal. En Europe ou aux USA, les sites Deezer, Spotify ou encore Pandora, constituaient depuis quelques années déjà, les modèles un peu branchés, plus ou moins exclusifs, que les observateurs des enjeux d’accès à la musique en-ligne nous élevaient en paradigmes. Avec raison. Par contre, ces trois modèles se sont embourbés dans des négociations territoriales qui ont limité leur pénétration au Canada. En fait, ces services sont impossibles à accéder dans plusieurs territoires dits secondaires ou émergents.

Or, lentement, mais bien sûrement, Grooveshark et Last.fm, un peu moins exposés aux projecteurs, ont bien fourbis leurs offres et nous présentent désormais une alternative littéralement explosive. Avec un profil gratuit ou payant de l’une et l’autre des plateformes, vous avez maintenant accès à toute la musique du monde. En plus, votre participation à ces modèles est encouragée et élève enfin l’expérience du partage des connaissances et des goûts musicaux au niveau quasi transcendantal que plusieurs d’entre nous rêvions de voir, depuis presque dix ans, s’incarner sur le Web. Ici, toute la force du Wiki, de la recommandation, du filtrage collaboratif et des contenus générés par les utilisateurs s’incarne enfin!

Chez Last.fm, la formule gratuite permet de voir ce qu’écoutent vos amis, de jauger vos affinités avec la communauté, de contribuer au contenu des artistes par des photos, des textes descriptifs, des tags ou des commentaires. Votre profil d’écoute y est enregistré par le biais du logiciel audioscrobbler qui peut être interfacé avec iTunes, votre iPod, votre téléphone Androïd (même lorsque vous vous déplacez), Hype Machine ou YouTube pour n’en nommer que quelques uns. Quant au service payant. qui génère des droits d’auteur (après vérification avec la SOCAN), il permet d’écouter des radios semi-interactives dont les contenus sont fondés sur les écoutes de vos albums préférés, de vos amis, d’artistes similaires à vos coups de coeur, ou encore de balises sémantiques et de tags aussi variés que « musique concrète » ou « Lady Gaga ». Les artistes peuvent y offrir leurs contenus en concordance avec différents scénarios de droits d’auteur, d’offres payantes ou gratuites.

Chez Grooveshark, non seulement avez-vous accès à des radios par listes de tags, mais vous pouvez littéralement appeler l’album ou la chanson de votre choix. Vous pouvez être le DJ de la soirée sans avoir le moindre disque avec vous et le moindre fichier MP3 sur votre machine. Si votre album ou votre artiste fétiche n’est pas disponible sur la plateforme, qu’importe, si vous en avez un exemplaire personnel, vous n’avez qu’à le mettre à la disposition de la communauté. Illégal? Certainement pas, car les utilisateurs du service n’ont accès qu’au son et non pas à la copie reproduite sur le disque dur. La chanson ne vous appartient pas davantage que si vous l’écoutiez sur les ondes de Radio-Canada. Pas moins non plus… Car le plaisir est entier. Pour couronner le tout, il vous est possible de partager n’importe quelle pièce ou liste d’écoute sur vos réseaux sociaux en-ligne, grâce à un URL spécifique pour chaque pièce, pour chaque liste, que Twitter ou Facebook permettent d’ouvrir avec la plus grande transparence et sans le moindre coût associé. Enfin, depuis qu’une entente récente entre Last.fm au Royaume-Uni et Grooveshark en Floride s’est « conclue » par API interposée, vos écoutes effectuées sous profil VIP de Grooveshark sont ajoutées à votre identité musicale scrobblée sur Last.fm. Enfin, l’exactitude des informations textuelles et des métadonnées associées aux fichiers audio de Grooveshark est vérifiée avec la base de données collaborative MusicBrainz, véritable Wikipedia de la musique.

Le tout pour $6 par mois. $3 à Last.fm. $3 à Grooveshark. Bon c’est vrai, il manque toujours beaucoup de musique de la francophonie sur Grooveshark et beaucoup de textes descriptifs de nos artistes sur Last.fm et MusicBrainz, mais ça c’est une autre histoire. La formule questionne aussi le fait qu’une économie sectorielle des contenus, de type industrielle, basée sur de tels tarifs et une telle richesse de l’offre, devient virtuellement impossible.

Voir notre liste Montreal’s Indie best 2010-2011


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4 commentaires au sujet de Le combo VIP Grooveshark et Last.fm

  1. Claude Brunet 25 oct 2010 @ 05:45 #

    Vous écrivez: « La formule questionne aussi le fait qu’une économie sectorielle des contenus, de type industrielle, basée sur de tels tarifs et une telle richesse de l’offre, devient virtuellement impossible. » En effet! Il devient impossible aux créateurs de contenus de songer à être rémunérés quand n’importe quel promoteur de service de distribution n’a pas à payer pour ce qu’il distribue. Et être payé pour ce qu’on a produit par ceux qui exploitent ce qu’on a produit, c’est un vieux modèle d’affaires complètement désuet dont il est urgent de se débarrasser. D’ailleurs, s’il fallait payer pour le contenu distribué sur les nouveaux gadgets, cela nuirait au développement des gadgets eux-mêmes. Euh… ça finissait comment, déjà, la fable de la poule aux oeufs d’or?

  2. Jean-Robert Bisaillon 26 oct 2010 @ 05:54 #

    Cher Claude, est-ce de l’ironie? Bien évidemmment je ne suis pas d’accord avec votre énoncé. Mais la question n’est pas d’être ou non d’accord, mais bien de voir où la situation nous entraîne. Quels sont les tarifs en vigueur à la Commission du droit d’auteur pour les plateformes de streaming? Comment administre-t-on la répartition des montants perçus? Ce sont lè d’importante questions.

  3. Yannick Duguay 30 oct 2010 @ 07:07 #

    Je suis vraiment intéressé de voir à quoi va ressembler le droiy d’auteur au Canada dans une dizaine d’années. La radio est née presque en même temps que l’industrie de la musique sur support. L’un et l’autre marchaient main dans la main. On entendait une chanson à la radio, le lendemain on achetait l’album ou le ‘single’, 45 tours ect. Mais qu’arrive t’il si plus personne ne désire ni n’a besoin d’être propriétaire d’une oeuvre? Est-ce que l’oeuvre musicale va vraiment devenir un simple outil promotionnel pour les spectacles d’un artiste? Ce système ne sera pas salutaire pour tous les types d’artistes.

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