«Branding» de l’artiste: ennemi ou nécessité ?

Selon moi, l’artiste a toujours le choix : être amateur ou professionnel. Je ne fais pas référence à la qualité de la proposition de l’artiste en faisant cette distinction. Je fais plutôt référence aux objectifs que l’artiste se donne.

L’amateur crée ou interprète sans intention de monétiser son art. Il décide de rester à l’écart de l’industrie et de ne pas s’inscrire dans une dynamique commerciale ; l’artiste amateur ne dépend pas de son art pour survivre et ne considère donc pas celui-ci comme un gagne-pain. De plus, contrairement à l’artiste professionnel, qui ne fonctionne pas de manière totalement indépendante, il n’a pas d’équipe autour de lui (label, manager, tourneur, éditeur, etc.) qui dépendent aussi de la mise en marché de la création et des performances de leurs artistes pour survivre (mis à part les subventions bien entendu.)

De l’autre côté, l’artiste professionnel veut faire de son art sa profession, son gagne-pain. En choisissant d’être professionnel, l’artiste décide donc de se joindre à une industrie, comme celle de la musique par exemple, et de s’inscrire ainsi dans une dynamique commerciale, i.e. d’échange de biens et de services entre individus/organisations contre rémunération.

Dans une économie de plus en plus basée sur le « Attention Revenue » (voir article de Gerd Leonhard) le « branding » de l’artiste musicien, par exemple, est de plus en plus essentiel s’il veut attirer et conserver l’attention des fans et autres acteurs de l’industrie afin de la transformer en revenus, que se soit par le biais de ventes de copies physiques ou numériques, d’accès au contenu de la copie (supplantera probablement très bientôt la copie physique et numérique, (voir article de Gerd Leonhard ci-haut) et toute autre source de revenus comme les concerts, produits dérives, synchro, etc.

Mais pourquoi certains artistes voient-ils le « branding » comme un ennemi, comme le diable qui veut voler l’âme de leur art ? Pourtant, la force fondamentale du « branding » demeure en la qualité de l’offre qu’elle représente. Ainsi, offrir de bonnes chansons ou de bons concerts de façon constante contribuera de manière vitale au façonnement et au rayonnement de son « brand ». Et faire la promotion d’une marque, c’est en quelque sorte faire la promesse que le niveau de qualité du bien/service offert auquel les gens se sont habitués est et sera toujours au rendez-vous. C’est un peu une façon de fidéliser les gens à son offre grâce au gage de qualité associé à sa marque. N’est-ce pas là l’un des buts principaux de tout musicien professionnel? Le label Merge Records et l’artiste Radiohead en sont de très bons exemples pour leurs fans. De plus, il est à parier que ces derniers n’hésiteront pas à faire la promotion de ces « brands » qu’ils affectionnent tant. Un vieil adage marketing dit qu’un consommateur satisfait partage son expérience avec 7 autres personnes. Imaginez maintenant ce que cet adage peut devenir avec le marketing viral sur le web et via la téléphonie !

En conclusion, si l’artiste a peur que le fruit de son art soit traité comme un « bien/service » et ensuite soumis à de multiples mécanismes marketing comme le « branding » en décidant de le mettre à disposition contre rémunération, alors pourquoi joindre les rangs de l’industrie de la musique qui, par définition, est basée sur une telle dynamique commerciale? Si tel est le cas, il n’a qu’à s’inscrire hors de cette dynamique, ne pas espérer ni dépendre de potentiels revenus découlant de son art et de sa mise à disposition pour assurer sa survie en tant que professionnel. A lui d’avoir une réflexion sur quel terrain il veut s’inscrire : amateur ou professionnel. L’un ne vaut pas plus que l’autre ; c’est un choix personnel. Par contre, si l’artiste choisit la voie professionnelle, selon moi, il se doit d’accepter les notions de marketing comme le « branding » et ne doit pas voir cette dernière comme une dénaturation de son art mais, plutôt comme une représentation de son art.


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